Rêver de créer sa startup et se servir seulement de son instinct pour lancer son projet, il existe une grande différence entre ces deux affirmations, car négliger les facteurs qui accompagnent une idée, même si celle-ci s’avère extraordinaire, peut conduire à un fiasco assuré. Pourtant, l’instinct dans la création d’entreprise a toute sa place. Le PDG d’Apple, Tim Cook en personne, l’a revendiqué lors d’une remise de diplômes à l’université américaine de Duke : « Je suis fondamentalement rationnel. Mais toutes les décisions importantes que j’ai prises pour l’entreprise, c’est mon intuition qui les a guidée». En effet, diriger son entreprise par le seul prisme de la rationalité peut être trop réducteur. Dans un monde incertain et insaisissable et un environnement économique qui évolue vite, votre intuition peut faire la différence !
A certains stades de votre vie, vous avez certainement eu cette sensation d’un warning qui s’allume dans votre tête, ou au contraire d’un feeling assez fort sans pour autant avoir de raison rationnelle…C’est cela que l’on appelle l’intuition. Il s’agit d’une sensation d’évidence ressentie au fond de soi. Et si l’on ne sait pas toujours comment l’appréhender, tous les entrepreneurs s’accordent à le dire : c’est LA qualité des dirigeants. Mais il est important de savoir que certains domaines restent moins enclins au feeling : recrutement, financement, communication… Utiliser (uniquement) son instinct peut parfois se révéler hasardeux…
En gros, peu importe le synonyme de l’intuition, qu’il s’agisse du nez, du flair ou du feeling, on peut tous être doté de cette « qualité ». Mais la différence vient de la réflexion qui en découle, de son envie de suivre ou non cette intuition et surtout de l’utilité et du rôle de celle-ci dans une démarche de création d’un projet entrepreneurial…
Pour commencer, parlons de l’intuition en entreprise…
Dans sa définition, le feeling est une variable abstraite ou une sensation d’évidence qui se crée au fond de soi sans être basée sur des faits réels, chiffrables ou parfois même logiques. A ce sens, il est évident que créer sa start-up et mener son entreprise de façon intuitive peut faire peur, car même si vous pensez qu’il s’agit de la bonne solution, il reste toujours cette part de doute. Pour cette raison, méfiants à l’égard de leur intuition, plusieurs entrepreneurs préfèrent mener leur business de façon rationnel où les chiffres témoignent de leurs résultats.
Personne ne peut nier que le fait de maîtriser son environnement rassure surtout lorsqu’on est en phase de lancement d’un nouveau concept et qu’on ignorer son vrai potentiel. Toutefois, tel que l’affirme Steve Jobs « l’instinct s’avère souvent plus fiable qu’on ne le pense et il peut jouer un rôle important dans la réussite en affaires ». En effet, cethomme dont l’audace était principalement guidée par son instinct, encourage les entrepreneurs et les porteurs d’idées à croire en le leur : « Have the courage to fellow your heart et intuition. They somehow already know what you truly want to become. Everything else is secondary. » (Steve Jobs). Il raconte souvent à travers ses discours qu’avec sa seule intuition, il était capable d’anticiper les besoins de ses clients sans faire valider ses décisions.
Steve Jobs n’est pas le seul leader intuitif…
D’autres entrepreneurs de renom confirment qu’ils avancent par instinct à l’instar de Xavier Niel et son audace d’avoir un jour lancé free sur un marché mobile déjà saturé par de grands noms. Chez Blablacar également, bien que les compétences soient importantes et mises au défi lors de tests, le feeling est aussi pris en compte. La startup se dit « Fun & Serious », dans son espace de recrutement et veut accorder de l’importance à cet aspect humain qui selon elle, peut créer la différence et emmener une entreprise plus loin que ses concurrents.
Plus encore, à titre d’exemple, lors d’un entretien de recrutement et bien que les compétences professionnelles soient très importantes, le feeling l’est tout autant ! Il n’est pas inhabituel de choisir quelqu’un avec qui ça « matche » directement, avec qui on sent une super entente et une vision commune, plutôt qu’un autre. Même dans certains domaines qui semblent être très loin de l’intuition et demandent une vraie maîtrise des faits réels et des informations exactes, l’intuition peut jouer un rôle important ! Dans le cas d’une levée de fonds par exemple, Nicolas Debock, investisseur à Balderton Capital témoigne « Si c’est un métier de raison et d’analyse, il n’en reste pas moins que l’intuition du partner entre aussi en considération. Le feeling en une équipe et en un produit peut parfois être aussi important dans la prise de décision que les décisions eux-mêmes ».
Sachez que tout ne se mesure pas, tout ne s’anticipe pas !
Que ce soit dans la vie quotidienne de l’entrepreneur ou face aux moments challengeants qui accompagnent l’aventure entrepreneuriale, il y a une variante incompressible à affronter : l’imprévu + l’inconnu. C’est ici qu’entre alors en scène cette capacité parfois trop sous-estimée et pourtant indispensable pour avancer avec efficacité : l’intuition. Tel que l’affirme Blaise Pascal, l’inventeur de la première machine à calculer, « Deux choses instruisent l’homme de toute sa nature : l’instinct et l’expérience ». Et une étude d’Opinion Way pour American Express d’entreprises semble lui donner raison. Réalisée auprès de 520 dirigeants, elle rapporte que « l’instinct business », cette capacité à se fier à son instinct pour créer sa start-up et/ou diriger une entreprise est une, sinon la, qualité fondamentale des dirigeants réussis. Il faut cependant différencier l’instinct business des automatismes (qui relèvent plutôt de l’habitude, de la répétition) et de la capitalisation de l’expérience pure et dure, apprendre de ses erreurs en gros.
En fait, la notion de l’instinct business, qui différencie les leaders à succès des dirigeants ordinaires, est une notion complexe…
Elle regroupe en effet des qualités importantes qui favorisent le succès entrepreneurial : avoir le gout du challenge, l’envie d’innover et la capacité à s’adapter à un environnement en perpétuelle évolution. Le développement de l’économie numérique et la révolution des moyens de communication, ont incité les dirigeants modernes à entreprendre et à soutenir leur idée, en faisant de l’agilité une valeur centrale. Il s’agit de cette agilité ou de ce flair qui permet à un entrepreneur d’identifier les nouvelles tendances du marché, d’anticiper l’évolution des besoins de ses consommateurs, de créer une nouvelle technologie pertinente…Et c’est là ou apparaît l’utilité de cette capacité intuitive qui permet d’avoir une longueur d’avance, un avantage concurrentiel ou style affranchi de leadership.
Avoir l’instinct business c’est bien, mais il est meilleur de savoir l’écouter. Si elle n’est au début qu’une petite voix que le doute et le manque de confiance en soi pourront vite faire taire, elle peut, à force d’entraînement, devenir un sixième sens ultra développé qui saura se faire entendre au bon moment. Et c’est ce que doivent faire les entrepreneurs intelligents qui souhaitent réussir et évoluer rapidement : ils doivent cultiver cette qualité, la renforcer ou la « muscler » en vue de profiter pleinement de son utilité et des avantages qu’elle pourrait apporter dans une démarche de création.
Qu’en est-il des prises de décisions au feeling ?
Créer sa startup et lancer son projet individuel impose de prendre des décisions, chaque jour et à chaque nouvelle phase d’évolution du projet. Des décisions pour lesquelles vous vous appuierez généralement sur des documents comptables et financiers. Mais il semble que dans certains secteurs comme celui de la mode, la part de feeling peut supplanter les chiffres. On peut lire sur le blog (businessoffashion.blog) que « c’est cette confiance en son instinct plus que tout autre chose, qui a permis à Jenna Lyons en partenariat étroit avec le PDG pile nucléaire Millard « Mickey » Drexler, de ressusciter J.Crew, entreprise new-yorkaise de vente sur catalogue » apprend-on dans l’article.
En d’autres termes…
Le fait de se baser sur son intuition peut vous sortir des sentiers battus et vous aider à être unique ou à affirmer votre singularité. En effet, dans un domaine tel que la mode, compter uniquement sur sa rationalité risque de vous faire emprunter des chemins mille fois empruntés. Alors qu’en étant intuitif, vous pouvez trouver votre unicité, vous aurez la chance de découvrir des voies nouvelles et vous pourrez créer des stratégies différentes.Vous pouvez même imaginer l’impensable et débrider l’innovation, car la force des intuitifs se traduit souvent par le pouvoir de créer, à partir d’éléments différents, des concepts que les esprits purement logiques auraient du mal à imaginer !
Toutefois, l’écoute de son intuition ne représente pas forcément l’ingrédient magique ou « la qualité miracle » qui permet de réussir en affaires. Mais ne pas contraindre sa nature profonde et savoir travailler en respectant ses valeurs, ses besoins et son rythme est une clé centrale pour développer son entreprise avec cohérence et efficacité. Sachez juste que l’instinct business s’acquiert au fil du temps, pour le développer, pas de recette miracle : ça passe par l’expérience avant tout ! L’expérience professionnelle quotidienne ainsi que les échanges fructueux avec les différents acteurs constituent le premier levier pour le développer. Retenez-ceci !
Toutefois, faites attention, suivre son intuition ne signifie pas « foncer aveuglément » !
En montant sa propre startup et en se lançant pour la première fois dans une aventure entrepreneuriale, l’aspect commercial nécessite une feuille de route bien établie. Ceci est évident : savoir où l’on va, permet de gagner du temps et de l’argent ! Vous ne pouvez pas avancer sans avoir des objectifs clairs et précis ou sans avoir une certaine visibilité. Ce genre d’attitude peut vous mener à la dérive surtout que votre structure n’est pas suffisamment solide pour encaisser de tels coups puisque vous venez de vous lancer.
Certes, votre voix intérieure peut vous dicter une idée, une impression qui vous incitera à foncer sans vous retourner. Et même si cela peut vous faire gagner du temps et des longues heures de discussion, foncer tête baissée sans faire appel à son rationalisme, surtout en étant novice dans le monde des affaires, n’est pas la bonne solution ! Il est essentiel de prendre du recul, de faire appel à votre raison et de prendre le temps de travailler votre concept.
Par exemple, commencez par cibler rigoureusement votre prospection, identifiez les variables clés de votre activité et constituez un fichier pertinent. Ensuite, passez à la phase de communication via divers vecteurs et optez pour le réseau qu’il faut « cultiver ». Autrement dit, facebook, linkedin, instagram…Choisissez en fonction de votre situation, de la nature de votre activité et des buts que vous voulez atteindre. Optez pour le réseau qui vous rapprochera des personnes enclines de répondre positivement aux objectifs du moment. En gros, affinez petit à petit votre stratégie opérationnelle, mais basez-vous sur des faits réels et des informations pertinentes. Face à un investissement aussi important ne laissez pas une grande place à l’instinct. Apprenez, évoluez, mûrissez et après laisser libre cours à votre intuition…
A titre d’exemple, l’instinct n’est pas un bon moyen de financer son entreprise…Optez pour un financement encadré pour plus d’assurance
En abordant cette problématique, Il semble qu’un certain rationalisme s’impose pour éviter de faire passer l’entrepreneur à côté d’opportunités intéressantes ! En effet, selon Alain Belais, directeur général de l’Agence pour la création d’entreprise (APCE), « 32% des créateurs vont encore à l’instinct sur le financement et 17% ignorent qu’ils existent des prêts d’honneur et des micro-crédits ». Mais, l’essentiel est qu’il n’existe pas de financement externe (hors ressources propres) sans une étude de marché ou un business plan bien construit.
Ces éléments constituent en quelque sorte un passeport auprès des financeurs institutionnels. Et cela a un impact sur la pérennité de l’entreprise. D’après l’organisme d’aide aux PME Oséo, trois quarts ayant eu recours à un accompagnement financier, « passent le cap des cinq d’existence » contre seulement la moitié de ceux qui ne le sont pas. Soyez donc indulgent en prenant les décisions importantes parce qu’en affaires, tout se paye !